vendredi 21 octobre 2011

Publions en ligne archives du Canard Enchaîné


Il faut que le Canard Enchaîné publie ses archives sur internet. C'est important pour les élections, en particulier pour les élections non présidentielles. Je m'explique.

J'aime bien le Canard Enchaîné. C'est un journal que beaucoup ignorent à tort pour son coté léger et satirique. C'est pourtant le seul journal à grand tirage véritablement indépendant en France et un des plus actifs en ce qui concerne l'investigation politique. Les journalistes le considèrent comme une référence, une institution.

Le Canard Enchaîné a pris une excellente décision il y quelques années lorsque tous les autres journaux créaient leur version web : ils ont décidé qu'ils n'avaient pas à mettre leur journal en ligne, que cela n'avait pas de sens économique pour eux. Ils sont à l'heure actuelle un des seuls journaux Français à ne pas être en crise.

Le lecteurs d'autres journaux le connaissent car il est souvent cité comme une source d'information dans les scandales impliquant des célébrités politiques : les affaires Woerth, Karachi, MAM en Tunisie, etc... mais ce que ces lecteurs indirects ignorent, c'est que chaque semaine ou presque le Canard révèle des affaires. Cependant, ces affaire hebdomadaires touchent principalement des élus locaux ou des députés peu connus du grand public et elles ne sont donc pas relayées par les grands médias.

En 2012 nous voterons dans deux élections : la présidentielle et la législative. Si vous êtes comme moi, et comme à mon avis la majorité des Français, vous connaissez assez bien les candidats présidentiels mais avez l'intention de choisir votre député en fonction de son étiquette. Pourtant, j'aimerais par mon vote, lutter contre la corruption ou la collusion avec les lobbies. Ces mauvaises habitudes n'étant pas l'apanage d'une seule étiquette politique, il est très difficile de juger des personne proposées, souvent inconnues des médias.

Si seulement je pouvais rechercher un nom dans les archives du Canard Enchaîné ! Savoir qu'il y a dix ans, tel candidat a été condamné pour fraude à une élection municipale ou pour corruption en tant que président de la communauté de communes du coin, cela pourrait m'inciter à voter pour une personne plus honnête.

À ce jour, le Canard Enchaîné a probablement la plus grosse archive des affaires de la République. Je comprends leur aversion pour les versions en ligne des journaux, qui ont coulé certains de leurs concurrents, mais je pense qu'il est important de distinguer les deux produits distincts dont on parle :

- Le scoop. Les affaires de la semaine ou de l'année, qu'ils vendent très bien aux citoyens vigilants des moeurs de leur gouvernement, et qui constituent le coeur de métier du Canard.

- Les archives. Ils vendent leurs numéros passés, mais je doute qu'il s'agisse d'un énorme revenu. Le scoop d'un an n'est plus un scoop. C'est une i
nformation qui ne peut plus être vendue si elle n'est pas rafraîchie d'éléments nouveaux. Ce sont ces informations dormantes que je propose de mettre en ligne.

«Oui, mais ça coûte cher de mettre des milliers de numéros en ligne» me rétorquera-t-on avec raison. Ce serait vrai si c'était le Canard Enchaîné lui-même qui décidait de les publier : il lui faudrait scanner tous les articles, les mettre en ligne, entretenir des serveurs, etc... Comme ils ne veulent pas dépendre de revenus publicitaires, la norme pour les contenus en ligne, ma proposition peut sembler coûteuse. Pas nécessairement. Il suffirait pour le Canard de donner une autorisation de publier et partager les anciens numéros, de plus de deux ans par exemple, sous une licence libre comme la Creative Commons (dans sa version by-sa ce serait génial, mais même en -nd ou -nc ça aurait déjà une grande utilité). Les initiatives de numérisation, de publication et d'indexation apparaîtraient aussitôt au sein de la communauté de plus en plus politisée des geeks.
Qu'est ce que le Canard Enchaîné aurait à y gagner ? Pas d'argent, c'est vrai, mais il n'en perdrait pas non plus et il bénéficierait d'une visibilité sur internet qui leur gagnera certainement des lecteurs «papier». Il contribuerait également à la lutte contre la corruption et la collusion ainsi qu'à l'éducation des électeurs, deux thème que j'imagine assez proches des idéaux de ce journal. Et ce, pour le coût d'une simple déclaration.

Aucun commentaire: